Des insectes sociaux
Les abeilles appartiennent à la famille des hyménoptères. Ce sont des insectes sociaux qui, isolés, ne peuvent pas survivre. Leur vitalité et leur force proviennent de la colonie et la devise « Un pour tous, tous pour un » n’est pas un vain mot !
À l’apogée de la saison, à la fin du printemps, une ruche compte jusqu’à 60 000 abeilles. Elle est constituée de trois sortes d’individus : la reine, les faux-bourdons et les ouvrières. Grâce à une organisation sans faille, la colonie peut vivre durant plusieurs années en renouvelant sa reine, se dupliquer en essaimant et en créant une nouvelle entité.
Traditionnellement abritées dans des troncs d’arbres creux ou des anfractuosités de rochers pour échapper aux prédateurs, les colonies d’abeilles sont aujourd’hui abritées par les apiculteurs dans des ruches. Installés à l’abri des regards, les ruchers sont discrets et passent souvent inaperçus
Une morphologie de compétition
Pesant un dixième de gramme, le corps de l’abeille est entouré d’une membrane externe de chitine dure recouverte de poils qui forme un exosquelette en trois parties, la tête, le thorax et l’abdomen.
La tête, de forme ovoïde, présente deux yeux constitués de milliers de facettes, trois ocelles ou yeux simples, très sensibles à la lumière, deux antennes et les pièces buccales. Elle abrite également un cerveau hyper-performant et de multiples glandes indispensables pour la vitalité de la colonie.
Le thorax porte les éléments moteurs, deux paires d’ailes et trois paires de pattes ainsi que des muscles puissants pour les actionner.
L’abdomen contient une grande partie du système respiratoire, le système digestif et reproducteur et l’organe venimeux.
L’abeille possède des sens très développés, que ce soit l’odorat, le toucher, le goût ou la vue. Attention ! La vision de l’abeille est différente de la nôtre. Elle ne voit pas le rouge par exemple.
Abeille : De l’œuf à l’émergence
Les abeilles naissent au cœur de la colonie dans un espace dénommé couvain où la reine pond dans chaque alvéole disponible un œuf qui deviendra ouvrière ou faux-bourdon. Les reines naissent dans des cellules royales, verticales, disséminées sur les cadres.
Entre l’œuf déposé et la naissance, on distingue plusieurs phases dont certaines sont légèrement différentes selon les castes :
- L’œuf éclot toujours au bout de 3 jours.
- Ensuite, le stade larvaire perdure 8 jours pour la reine et 10 jours pour les futures ouvrières et les futurs faux-bourdons.
- Enfin le stade nymphal pendant lequel apparaissent les yeux, les pattes et les ailes dure 4 jours pour la reine, 11 jours pour le faux-bourdon et 8 jours pour l’ouvrière.
- La reine émerge de son alvéole 16 jours après la ponte de l’œuf, 24 jours pour le faux-bourdon et 21 jours pour l’ouvrière.
La reine : l’âme de la colonie
Nées d’un œuf similaire à celui des ouvrières, c’est l’alimentation des larves royales et de la reine à l’âge adulte qui fait toute la différence : la gelée royale. Lorsqu’une abeille vit 4 à 5 semaines en été et à peine plusieurs mois en hiver, la reine peut vivre 3 ou 4 ans voire plus dans certains cas.
Lors d’un unique vol nuptial, la reine vierge est fécondée par plusieurs mâles, les faux-bourdons, qui y laissent leur vie… Les spermatozoïdes seront conservés dans sa spermathèque.
Aussi, au sein de la ruche, toutes les ouvrières ont la même mère mais des pères différents : ce sont des fratries de demi-sœurs.
Véritable âme de la colonie, seule à assurer le renouvellement de la population de la ruche, une reine peut pondre près de 2 000 œufs par jour, notamment au printemps.
Devenue âgée et stérile, elle ne pond que des mâles. La colonie, dénommée bourdonneuse, est alors condamnée à très court terme.
Une brève vie de faux-bourdon
À peine quelques milliers par ruche, les faux-bourdons apparaissent au printemps lorsque les jeunes reines commencent à naître. Leur rôle unique consiste à assurer la fécondation de ces dernières.
Facilement reconnaissables, ils ont une taille plus imposante que les ouvrières. Trapus, poilus, de couleur sombre, dotés de gros yeux resserrés, ils ont un vol lourd et bruyant. Démunis de dard, ils ne peuvent piquer.
Très peu fidèles à leur colonie d’origine, ils vagabondent de ruche en ruche sans travailler, mais consomment pollen et nectar apportés par les abeilles en attendant l’envol d’une reine vierge pour tenter de la féconder. Seuls quelques rares individus parviendront à s’accoupler. Au cours de cet acte, les organes génitaux seront arrachés, entraînant la mort immédiate.
Lorsque les ouvrières sentent venir la disette, elles se montrent intraitables et les massacrent sans pitié…
La fécondation de la reine
La jeune reine vierge ne prend l’air qu’une seule fois dans sa vie, lors de son vol de fécondation. Suivie par un tourbillon de faux-bourdons très excités, la reine est fécondée à une dizaine de mètres de hauteur. L’élu y laisse une partie de son système digestif, entraînant sa chute et sa mort. Les autres faux-bourdons doivent dégager le passage obstrué par les restes du prédécesseur pour féconder à leur tour la reine. Et périr aussitôt.
La reine remplit ainsi sa spermathèque grâce à ses relations successives avec une bonne dizaine de mâles. De retour à la ruche, elle commence rapidement à pondre des ouvrières (lorsque l’œuf est fécondé), des mâles lorsqu’il ne l’est pas.
Dans une ruche, cohabitent donc des cohortes d’ouvrières issues de la même mère mais de pères différents. Au bout de 2 ou 3 ans, la ponte de la reine décline et la colonie s’affaiblit. Il est temps qu’une nouvelle reine fraîchement fécondée la remplace !
Abeille ouvrière
Se comptant en dizaines de milliers, elles composent la totalité de la colonie à l’exception de la reine et des faux-bourdons en période d’essaimage. La plupart du temps, on ne voit qu’elles. Au cours de leur brève vie au printemps et en été, 4 semaines environ, elles enchaînent les rôles de manière la plus efficace possible. Quelques jours avant leur mort, elles prennent leur envol pour butiner nectar et pollen.
Les ouvrières sont constamment renouvelées. Entre la population d’une ruche au mois de mars et celle du mois de juillet, hormis la reine, toutes les abeilles ont été remplacées.
L’ouvrière est la plus petite des trois castes de la colonie. Mais ce dixième de gramme est doté d’organes multiples lui permettant d’assurer toutes les tâches indispensables au bon fonctionnement de la colonie. Son cerveau microscopique est extrêmement puissant et lui permet des performances exceptionnelles comme de retrouver la ruche après un vol de 3 km !